Nouvelle publication: Cindy Regnier, « Russie - Venezuela : l'alliance stratégique à l'épreuve des faits », CEFIR Working Paper, N° 2, Mars 2017, pp. 1-15.
Abstract :Au début du XXIème siècle la Russie de Vladimir Poutine se rapproche du Venezuela de Hugo Chavez, ce rapprochement est souvent considéré par les observateurs comme une réponse aux agissements américains dans le voisinage de la Russie. Ainsi une alliance stratégique se mettrait en place dans le but de contrecarrer la prédominance américaine aux alentours de la Russie mais aussi et plus largement sur la scène internationale. Néanmoins et à l'écart de ces considérations, nous soutenons que ce rapprochement est sous-tendu par une volonté de satisfaire les intérêts du Kremlin et cela au détriment du Venezuela si nécessaire. Ainsi, ce ne serait pas une alliance idéologique pérenne comme cela a pu exister lors de la guerre froide qui se crée entre ces deux acteurs mais plutôt une coopération ad hoc en fonction des intérêts de Moscou. Pour soutenir cette proposition, nous revenons sur les différents aspects de leurs relations pour en montrer la fragilité. Ce sont donc les relations qu'entretiennent les deux acteurs avec les États-Unis qui seront abordées avant de se pencher sur le commerce d'armes, la coopération dans les domaines militaires et du pétrole et enfin leur coopération pour la création d'un monde multipolaire.C'est sous le ministre des Affaires étrangères Evgueni Primakov, lors de la présidence de Boris Eltsine, que la Russie, après une phase de rapprochement avec l'Occident, commence à renforcer ses liens avec les autres régions du monde. Au début des années 2000, certains observateurs voient se mettre en place une relation privilégiée entre la Russie de Poutine et le Venezuela de Chavez. Un parallèle est vite établi entre ce rapprochement et les tensions qui naissent entre les États-Unis et la Russie. L'intégration d'anciens pays satellites de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) dans l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) , la sortie unilatérale des États-Unis du traité sur les missiles antibalistiques (ABM) ainsi que la présence de la flotte américaine dans la mer noire amènent Dmitri Trenin, directeur du centre Carnegie à Moscou, à affirmer que le rapprochement russe avec le Venezuela aurait pour but d'envoyer à Washington le message : « Get off my back ». D'après le site Open Source Center, lié aux services de renseignement américain, « Moscow considers the formation of such a union [de la Russie avec le Venezuela, Cuba et le Nicaragua] a worthy response to U.S. activity in the former Soviet Union and the placement of missile defenses in Poland and the Czech Republic ».
Ce deuxième numéro de CEFIR Working Paper 2017 est disponible en pièce jointe.
A propos de l'auteur :
Cindy Regnier est doctorante au Center for International Relations Studies (CEFIR) du Département de Science politique de l'Université de Liège (ULg). Sa thèse de doctorat porte sur les pays (ré)émergents, les organisations régionales sécuritaires et l'influence des interprétations géopolitiques concurrentes. Ses domaines de recherches sont : les relations de l'OTAN avec la Russie, le poststructuralisme et l'influence de la géopolitique.