Pour citer cet article
Liridon Lika, «Cahier n°31 - La République du Kosovo dans son contexte régional. Analyse sur la reconnaissance, la souveraineté et les relations de ce nouvel État avec ses pays voisins frontaliers», Cahiers de Sciences politiques de l'ULg, mars 2016, [En ligne], Cahier n°31, URL : http://popups.ulg.ac.be/1784-6390/index.php?id=851.
A propos de : Liridon Lika
Assistant et doctorant au Center for International Relations Studies (CEFIR) du Département de Science politique de l'Université de Liège (ULg).
Le 17 février 2008, en pleine coordination avec les États-Unis, les grandes puissances européennes et d'autres États du monde, les Albanais, qui représentent 93 % de la population totale du pays, décident de proclamer l'indépendance du Kosovo. C'est le Premier ministre Hashim Thaçi qui, devant les députés du Parlement kosovar réuni en session extraordinaire, proclame le Kosovo comme État indépendant, souverain et démocratique. Cet évènement important pour le Kosovo survient après plusieurs décennies d'occupation, de discrimination, de ségrégation ethnique, et d'exactions massives et systématiques envers la population civile albanaise par la Serbie. En d'autres termes, la création du nouvel État kosovar est le résultat d'un long processus de résistance pacifique et armée des Albanais, la période de guerre de 1998-1999, la violation grave des droits de l'homme et le nettoyage ethnique des Albanais par le régime oppresseur de Slobodan Milosevic, l'intervention humanitaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) en 1999, la mise du Kosovo sous protectorat international, neuf ans d'administration internationale et deux ans de négociations avec la Serbie menés par l'Envoyé spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur le statut définitif du Kosovo, Martti Ahtisaari.
La déclaration d'indépendance, qui reflétait la volonté de la majorité écrasante de la population et se basait entièrement sur les recommandations de l'Envoyé spécial de l'ONU, Martti Ahtisaari, et sa Proposition globale de Règlement portant sur le statut du Kosovo, faisait appel à tous les États de la planète de reconnaître le Kosovo en tant qu'État indépendant et souverain1. Dans les heures et les jours qui ont suivi, toute une série d'États membres de l'ONU décidaient de répondre favorablement à l'appel des autorités kosovares. Actuellement encore, de nouvelles reconnaissances venant de tous les continents de la planète se poursuivent. En février 2016, le nombre d'États membres de l'ONU reconnaissant officiellement l'indépendance du Kosovo atteignait le chiffre de 111.
Parmi les pays voisins directs du Kosovo, l'Albanie est le premier à avoir immédiatement reconnu son indépendance, soit le lendemain de sa proclamation. En ce qui concerne la Macédoine et le Monténégro, ceux-ci décident de reconnaître en même temps le nouvel État kosovar le 9 octobre 2008, soit presque huit mois après la déclaration d'indépendance. La Serbie est le seul État voisin qui ne reconnaît pas encore officiellement l'indépendance du Kosovo et qui continue depuis huit ans, de manière obstructive, à empêcher la consolidation internationale du nouvel État kosovar. Néanmoins, à l'exception de la Serbie, l'État du Kosovo entretient de bonnes relations avec tous ses pays voisins favorisant ainsi la paix et la stabilité des Balkans occidentaux. Cet article a pour objectif d'analyser les relations bilatérales de la République du Kosovo avec ses quatre États voisins frontaliers, à savoir l'Albanie, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie. Il traite notamment la reconnaissance et la souveraineté de l'État du Kosovo. Autrement dit, en quoi la reconnaissance officielle de la République du Kosovo par ses trois pays voisins frontaliers a renforcé la souveraineté de ce nouvel État ? De quelle manière, la reconnaissance officielle a contribué au développement des bonnes relations bilatérales entre le nouvel État kosovar et ses pays voisins frontaliers ?