Après-midi de recherche du Département de Science politique
« Frontières : approche multidisciplinaire »
Université de Liège, le mercredi 4 mai 2016
Responsables scientifiques : Sophie WINTGENS, Audrey WEERTS, Damien PIRON, Liridon LIKA et Justine CONTOR
Pour sa neuvième édition, le prochain Après-midi de recherche du Département de Science politique sera placé sous le signe de la thématique générale suivante : « Frontières : approche multidisciplinaire ». Comme pour les précédentes éditions, la philosophie du Département de Science politique de l'Université de Liège n'est pas de limiter les séminaires à une approche particulière de la science politique. L'objectif de cet événement est au contraire de débattre autour d'un objet d'étude en mêlant diverses disciplines (approches politologiques, juridiques, sociologiques, économiques, historiques, philosophiques, etc.).
Limite imaginaire ou bien réelle, obstacle ou point de rapprochement, la frontière, par la séparation qu'elle marque entre des ensembles, renvoie à des conditions d'appartenance ou au contraire d'exclusion et met en évidence des positions propres à chaque ensemble. Dans le cadre de cet appel, le concept de frontière est envisagé selon deux perspectives différentes et complémentaires.
Dans le champ des Relations internationales contemporaines, les frontières occupent une place primordiale car elles servent de socle aux relations interétatiques. La vie politique, sociale, économique ou sécuritaire des États est organisée au regard de celles-ci. Elles renvoient à la question de la souveraineté interne et externe des États qui demeurent toujours des acteurs centraux sur la scène internationale. Dans certaines régions du monde, les frontières émanent d'un long processus historique et/ou de longues négociations locales, régionales ou internationales ; dans d'autres, elles sont les fruits de compromis arbitraires entre les grandes puissances régionales ou internationales. Ainsi, les frontières peuvent être tantôt des points de contacts ou d'échanges, tantôt des lignes de tensions, de mésententes, de différends, de conflits, voire de guerres intra- et interétatiques.
La mondialisation entraîne un questionnement constant sur la raison d'être et la redéfinition de ces frontières, dans des secteurs aussi divers que l'économie, l'immigration et le climat. Alors que la Guerre froide avait cristallisé les lignes de partage entre nations, la chute du Mur de Berlin a bouleversé la vie internationale, qui se décline désormais autour du modèle de la disparition des barrières et engendre la croyance en un monde dépourvu de frontières. Avec la fin de la période post-Guerre froide ressurgissent les aspérités des frontières ainsi que le poids des héritages nationaux dans les débats sur les périmètres de la souveraineté, débats par ailleurs inhérents à la mise en place d'une gouvernance globale.
Parallèlement à cette première interprétation, le concept de frontière peut également être appréhendé à partir d'une perspective sociologique. Dans ce cadre, la notion de frontière fait alors référence aux multiples processus sociaux qui sous-tendent tant la construction que la stabilisation des nombreuses distinctions qui organisent la vie en communauté : la distribution de la population en différentes catégories (par exemple, les « jeunes », les « travailleurs », les « allochtones », etc.) ; la séparation des disciplines scientifiques en fonction de leur objet d'étude ; ou encore la création d'une ligne de démarcation entre les pratiques socialement autorisées ou proscrites. Visibles ou invisibles, les barrières que ces exemples - multipliables à l'infini - donnent à voir n'ont pour la plupart rien de naturel mais sont au contraire l'aboutissement provisoire de luttes politiques et sociales qu'il convient d'explorer afin d'en démontrer la contingence et la réversibilité.
Au fil du temps, ces constructions prennent cependant appui sur des objets, des institutions et des relations interpersonnelles pour étendre leur réseau et gagner de nouveaux terrains. Elles se trouvent alors prises au cœur d'une dynamique de naturalisation progressive, qui transforme leur statut ; au terme de ce parcours, ces frontières initialement contingentes se voient progressivement réifiées. Elles deviennent alors autant de prises sur la réalité, prêtes à être mobilisées par les analystes, les décideurs politiques, voire les groupes sociaux qu'elles contribuent à organiser. Ces frontières servent dès lors de socle partagé dans l'étude des transformations de la société, d'instruments de problématisation, voire, dans une perspective plus militante, de support à des revendications portées en vue de produire un changement.
Ainsi, la neuvième édition des Après-midi de recherche du Département de Science politique propose d'aborder l'étude des frontières selon une approche multidisciplinaire, en particulier à partir des deux axes suivants :
1) Perspectives internationalistes autour de la frontière
2) Perspectives sociologiques autour de la frontière
Pour mener à bien l'organisation de cet événement, nous lançons un appel à contributions qui proposera une approche originale sur la notion de frontière. La communication de chaque intervenant durera au maximum 20 minutes, afin de laisser une quinzaine de minutes au discutant ainsi qu'à l'assemblée pour débattre de la contribution présentée. Une publication découlera de cet événement. Tous les intervenants auront la possibilité de publier une contribution originale - après évaluation externe positive - dans une publication collective portant sur le thème de l'Après-midi de recherche. Les contributions ne devront pas dépasser 35.000 signes (espaces compris).
Nous attendons vos résumés (maximum 500 mots) pour le vendredi 12 février 2016 et vos contributions pour le 1er avril 2016, au plus tard.
Les résumés et contributions sont à transmettre à Sophie Wintgens (sophie.wintgens@ulg.ac.be), Audrey Weerts (audrey.weerts@ulg.ac.be) et Justine Contor (jcontor@ulg.ac.be).
L'Après-midi de recherche se tiendra le mercredi 4 mai 2016 à la Salle du Conseil de la Faculté de Droit, de Science politique et de Criminologie de l'Université de Liège, Quartier Agora, Place des Orateurs 3, Bât. B31, Sart-Tilman, 4000 Liège. L'intégralité des frais sera à charge des participants.