Réseau Multidisciplinaire d’études stratégiques (RMES) Bruxelles - 15 août 2015
Introduction
Dans tout pays, le remplacement d’un type d’avion de combat implique de multiples enjeux (budgétaires, industriels, militaro-doctrinaux, politiques et même idéologiques) et la décision finale se doit de prendre en considération moult paramètres où s’entrecroisent, s’entrechoquent même, des intérêts divergents : jeu des lobbies industriels, rivalités et tensions entre les forces armées (terre, air, mer), divergences politiques, argumentaires opposés en matière militaire et doctrinal à propos du degré de nécessité de passer d’une génération d’avions à une autre, etc. Le dossier belge ne faillit pas à la règle.
Au milieu des années 1970, la Belgique a acquis des F-16 avec, en amont, une saga de négociations autour du choix d’un appareil états-unien face à un concurrent européen. Aujourd’hui, la question du remplacement de ces avions donne à nouveau lieu à de nombreux débats politiques. Des milliers de pages ont déjà été consacrées à cette thématique dans les médias et les revues spécialisées, alimentées par les positions divergentes des acteurs décisionnels. Le dossier est et reste particulièrement ouvert et polémique, notamment en raison des difficultés budgétaires de la Belgique, du choix politique du gouvernement Michel (N-VA/MR/CD&V/Open VLD) d’attendre la parution du nouveau plan stratégique – reporté en septembre 2015 – avant de se prononcer sur l’achat d’un appareil en remplacement des F- 16, et du fait que le processus budgétaire d’acquisition ne doit être effectivement enclenché qu’au cours de la prochaine législature fédérale (en principe à partir de mi-2018).
Si ce dossier donne une fois encore à voir le processus de décision en Belgique en matière de défense1, la présente étude a pour objectif de mettre en lumière l’argumentaire que développent les différents acteurs avec leur propre grille de lecture, qu’elle soit d’ordre doctrinal, stratégique, économique ou politique.