Référence complète :
Sebastian Santander, "Vers un accord d’association de libre-échange interrégional UE/Mercosur: mirage ou réalité ?", in Christian Deblock et Joël Lebullenger (dir.), Génération TAFTA. Les nouveaux partenariats de la mondialisation, Rennes, Presses Universitaires Rennes, 2018, pp. 119-131.
Résumé :
La présente contribution se penche sur la dimension extérieure du régionalisme et plus particulièrement sur l’interrégionalisme défini par la littérature scientifique comme un phénomène où deux régions cherchent à interagir en tant qu’espaces régionaux. L’étude de cas, proprement dite, portera sur la relation interrégionale qui lie l’Union européenne (UE) au Marché commun du Sud (MERCOSUR/MERCOSUL) et qui a été mise en œuvre au début des années quatre-vingt-dix. Il s’agissait pour ces deux acteurs de négocier un ambitieux accord d’association interrégional devant inclure une imposante zone de libre- échange. Dans ce processus de rapprochement et de négociation, le régionalisme a occupé une place centrale et a amené l’UE à fournir au MERCOSUR une aide financière, logistique et institutionnelle basée sur sa propre expérience. Ce faisant, l’UE est devenue un « fédérateur extérieur » pour le régionalisme sud américain, de sorte que le MERCOSUR et ses États membres ont, dans une certaine mesure, considéré l’UE comme une référence.
L’article démontrera également que la distribution des cartes a changé et que d’importantes modifications internes (crises au sein de l’UE et du MERCOSUR) et internationales (diffusion et décentrage du pouvoir mondial, concurrences régionales) ont remodelé la nature de la relation qui désormais, traverse une période d’incertitude. De nombreux facteurs, exogènes et endogènes, l’ont profondément affectée : l’incohérence de la politique extérieure de l’UE à l’égard de la région sud-américaine, le partenariat UE – Brésil, les rivalités latino-américaines, les divisions idéologiques ainsi que le renforcement de la compétition entre différents modèles de coopération régionale en Amérique latine. La question qui se pose est de déterminer dans quelle mesure les parties prenantes considèrent-elles encore le processus interrégional comme un canal d’interaction efficace et pertinent et plus particulièrement les rapports entre l’Europe et l’Amérique du Sud. En d’autres termes, l’interrégionalisme décline-t-il ou se présente-t-il comme un phénomène résilient dans les relations internationales?